Le gaz : prise de becs....

C'est par le bec que le gaz s'échappe avant de s'enflammer. D'où l'importance de cette petite pièce qui va décider de la qualité de la flamme donc de la lumière émise et donc de l'éclairage...

Le premier bec est certainement un simple petit trou d'épingle mais très vite on voit arriver les becs à flamme dite de papillon ou encore bec queue de poisson, aile de chauve souris,...qui rappelle la mèche plate des lampes à huile ou à pétrole.

Applique au gaz- Cornet en opaline- 1830
Flamme plate, assez grande, dont le nom vient de la forme qu'elle rappelle mais qui a le défaut de ne pas être stable.
                A droite : gros plan sur deux becs papillons (début XIXe)
              Très bonne oxygénation de la combustion
Puis arrivent les becs Manchester : la flamme est constituée par l'arrivée de deux jets fins qui se croisent. Cette est encore plus plate, surtout plus fixe et un peu plus brillante que la "papillon"
Les becs Bengel reprennent le principe des becs Argand des lampes à huile (à double courant d'air). la mèche est remplacée par une petite couronne (métal ou stéatite -silicate de magnésium) percée d'une multitude de petits trous. La stéatite est souvent choisie car c'est un très bon isolant thermique et donc réduit l'échauffement.
C'est un bec à flamme circulaire.
Bec BENGEL : la base du bec est en porcelaine perforée pour l'arrivée d'air qui est impossible avec la cheminée de verre.
ces becs apportent une lumière plus blanche, surtout fixe, mais malheureusement, la consommation est élevée.
Pour cette raison , elle sont souvent équipée d'une petite manette avec boule en bois ( evite les brûlures) permettant la mise en veilleuse                       (modèle 1853 Paris)
Le bec "Albert" possède un levier pour le réglage de la flamme qui permet aussi de la mettre en veilleuse.
Le verre possède de minuscules perforations pour rendre la flamme plus blanche

Citons aussi les becs Auer qui à eux seuls rempliraient plusieurs pages tant cet industriel allemand était inventif et performant...

Le principe nouveau appliqué est le suivant : ce n'est plus la flamme qui éclaire, mais le gaz fournissait une flamme bleue et très chaude (grâce à un autre bec : bunsen) qui portait à incandescence des manchons ( souvent en oxyde -Thorium et Cerium-) qui eux fournissait la source lumineuse de la lampe.

Modèle AUER 1905
Les manchons sont de toutes les tailles et de toutes les formes...
Bec Auer sans le verre et sans le manchon : donc bec Bunsen... Le verre et le bec en vue de dessus...On remarque que le fond du bec est fermé et que c'est le verre qui est ouvert Et maintenant bec Auer complet : avec le manchon : ce dernier incandescent emet une lumière blanche

Certains gaz utilisés étaient un peu pauvre en carbone, ce qui donnait une flamme peu satisfaisante. Il y a eu des becs qui ont corrigé ce problème, comme par exemple le bec Albo-Carbon.

La flamme produite par le gaz échauffait un réservoir rempli de naphtaline. Celle-ci s'évaporait alors et venait se mélanger au gaz qui produisait alors une flamme correcte.
Ce sont des lampes assez marginales et avec la rude concurence qui existait,...
L'avantage du gaz sur les huiles d'éclairage, c'est qu'il ne nécessite aucun entretien. Il brûle sans odeur et sans produire de suie et offre, en plus, des puissances lumineuses multipliables : il suffit de multiplier les becs. ce qui fait qu'il est rapidement adopté par les grandes villes pour leur éclairage urbain.
Comme par exemple la rue du 4 septembre à Paris en 1878. D'ailleurs, le bec utilisé (plusieurs becs papillons en cercle) porte le nom de "QuatreSeptembre" Il est évident que ce genre de becs seront réservé aux grands espaces extérieurs.    
Ce genre de bec est appelé "bec intensif"
De plusil possède souvent plusieurs injecteurs superposés et deux couronnes d'appel d'air, pour augmenter la vitesse du mélange gazeux et sa richesse en oxygène.

 

Lithographie, 1879.
BNF, Estampes et Photographie

A partir de 1900, la pression avec laquelle le gaz arrive au bec devient suffisante pour qu'on puisse les inverser : La lumière sera diffusée vers le bas et toutes les parties métalliques ne gèneront plus. La forme du manchon prend la forme d'une sphère ce qui permet un éclairement multidirectionnel.
Bec Farkas avec manchon sphérique
Lustre à deux becs renversés 1900
Bec "bijou" (1905 à 1910)
Bras en laiton, tulipe porcelaine.

Ce genre de bec inversé avec éclairage vers le bas (on sent le combat gaz/électricité) a été le perfectionnement le plus important, mais aussi le dernier de l'éclairage au gaz qui durera jusqu'en 1940.

D'autres, encore, plus malins aussi, ont chercher à combiner les pouvoirs éclairants deu gaz avec ses pouvoirs calorifiques et ont crée des lampes dites à récupération et ainsi mettre en avant le rendement et l'économie...