Un mode d'éclairage archaïque : Les lampes à huile primitives
Où l'on découvre l'épopée lumineuse des lampes à huile, qui naissent du génie d'un homme de Cro-Magnon ou de Néanderthal, se développe peu au fil des temps et, qu'il faudra attendre le XVIIIème, pour voir une fabuleuse modernisation.
Les lampes préhistoriques :

Le premier éclairage artificiel est sans conteste celui du feu de bois, dans le foyer domestique ou sous forme de torches. Mais les lampes apparaissent dès le Paléolithique supérieur. Ces lampes étaient réalisées à partir de la combustion d'une mèche végétale dans des graisses animales fondues ou des huiles végétales recueillies par incision. La première de ces lampes fut trouvée en 1865 dans la grotte de Mouthiers en Charente. Lors de trouvailles, on peut facilement déterminer si la lampe est issue de la Préhistoire; en effet, les lampes préhistoriques possèdent des caractères qui leurs sont propres: une forme en cuvette, un intérieur noirci, des parois souvent rougies, et des résidus de combustion.

Pourtant, ces lampes peuvent nettement différer dans le matériau du support: os, coquilles (huîtres, moules…) et pierre. Pour cette dernière catégorie, les archéologues ont découvert de superbes pièces façonnées à la main; il faut citer l'extraordinaire " brûloir " de Lascaux en grès qui est une coupole creusée en hémisphère et qui se prolonge par une véritable poignée allongée. A la période néolithique, apparaissent les premières lampes en terre cuite. La poterie se compose alors d'une simple coupe en terre avec un bec qui portait la mèche. En outre, le développement de la culture des plantes textiles comme le lin permit d'obtenir des huiles d'éclairages végétales.

Ci-dessus, schéma et photo du "brûloir de lascaux" en grès.
Les résidus de la combustion sont visibles au fond du cuilleron.

Les lampes grecques et romaines :
Aux périodes grecques et romaines, le mode d’éclairage par excellence étaient la lampe à huile. Il subsiste de multiples lampes datant de cette époque, la gamme allant des simples lumignons en terre aux lampes en bronze –parfois en or– de riches demeures patriciennes. Ces objets constituaient, en effet, un élément important de la civilisation antique. Le combustible qui alimentait la mèche était de l’huile d’olive. La flamme produite était bleue et très peu fuligineuse. Avec une quantité raisonnable d’huile, les romains pouvaient s’éclairer pendant plus de deux heures avec une lumière plus intense que celle d’une bougie. Puis, par soucis d’esthétique, les lampes furent embellies; les fouilles ont permis de retrouver des pièces aux motifs très divers: décors de dieux et de déesses, d’animaux mythologiques, gladiateurs, scène de chasse, travaux d’Hercule… Mais les décorations n’empêchèrent point de voir naître des progrès dans la forme, dans l’ergonomie (si je puis parler d’ergonomie pour cette époque) et dans la diffusion des lampes; la figure de gauche récapitule de manière synthétique les changements qu’ont subies les lampes antiques.

                             Reconstitution de l'évolution des lampes à huile antiques:
1. Une mèche flottant dans un bol rempli d'huile
2. Création d'un rebord pour la mèche
3. Allongement du bol, addition d'une anse et incurvation du bord de la soucoupe pour éviter que l'huile ne se répande
4. Amélioration du bec par un pont
5. Réservoir de la lampe plus profond, ouverture supérieure réduite, anse verticale.

Lampe romaine II-IIIeme s. ap. JC :
Le corps de l'objet en terre cuite correspond à un récipient circulaire percé d'un trou central qui servait au remplissage par un combustible liquide. Le bec possède une autre ouverture par laquelle sortait
la mèche. Une anse permettait de tenir la lampe
Lampes à huile de 500 av. JC :
La lampe est une simple coupe en terre avec un bec qui
portait la mèche.

                  Les lampes paléochrétiennes et médiévales
A partir du IVème siècle et pendant tout le Moyen Age, les lampes furent utilisées avant tout comme symboles religieux. Les modèles de ces lampes ne sont pas très variés: on rencontre le plus fréquemment le monogramme du Christ, le navire, le poisson, le candélabre à 7 branches de Moïse… Elles étaient alors considérées comme la manifestation de la volonté de Dieu et dégagéaient alors quelque chose de mystique. Au Moyen Age, les lampes à huile constituaient le mode d'éclairage le plus répandu dans toutes les classes de la société. Elles différaient des lampes antiques par leur composition (outre la terre cuite des propriétaires pauvres, on trouve de l'argent ou du fer battue) et par la façon dont elles reposaient. En effet, les lampes sont alors composaient d'une coupelle suspendue à une longue tige munie d'un crochet.
Lampe médièvale en pierre, objet de confection très sommaire XIIIe siècle : lampe en terre blanche vernis de vert
Au Moyen-Age, les lampes étaient couramment suspendues. Les lampes que l’on posait étaient surtout destinées à être transportées.

Survivance des lampes à huile après le XVIème siècle :

Après le Moyen Age, l'utilisation des lumignons déclina peu à peu, par suite du développement de l'éclairage par les bougies de cire dans les châteaux et par les chandelles de suif dans les demeures urbaines. Toutefois, si ces lampes à huile de type primitif furent bannies à jamais des villes, elles restèrent encore pendant des siècles l'unique éclairage d'un grand nombre de familles pauvres de la paysannerie, et ceci jusqu'au milieu du XXème siècle pour certains cas. En effet, ce qu'on nommait " chaleils " dans le Poitou au début du XXème, a pour combustible de l'huile (huile végétale comme l'œillette, tirée du coquelicot, huile de colza, de noix, d'olives et même de glands ou de faînes ou encore des huiles animales : huile de lard, de baleine,…). En fait, seule l'électricité put faire disparaître définitivement le chaleil d'origine préhistorique

Pot à huile XiXeme siècle
        Faïence blanche

Chaleil en terre
C'est une lampe paysanne à la forme classique de récipient largement ouvertt

                   Chaleils en métal (date?)
La chaleil de gauche est un objet formé d'une simple coupelle de fer battu prolongée par une queue torsadée.
A droite, le chaleil possède un couvercle et a un bec trapézoïdal.